Que veut-dire « ordre » ?
Il existe diverses expressions, équivalentes, si on les comprend bien : sacrement de l’Ordre, ministère sacerdotal, sacerdoce ministériel…Le nom qui s’est imposé est sacrement de l’Ordre (ordo en latin, taxis en grec). On en trouve un seul emploi dans le Nouveau Testament avec la citation du psaume 109 dans la lettre aux Hébreux : « Tu es prêtre à jamais selon l’ordre du roi Melchisédech ». « Ordo » désignait une classe sociale dans la Rome antique. La société romaine comprenait deux ordines, le Sénat et l’ordre des chevaliers, le reste étant la plèbe. Tertullien transposa ce vocabulaire civil et appela le clergé un ordo par distinction des autres fidèles(1). Fut employée ensuite l’expression de sacer ordo, ordre sacré, à l’intérieur duquel existait trois catégories diverses (évêques, prêtres et diacres). L’ordo a donc une signification collective. On ne reçoit pas un ordre, on entre dans un ordre. Une fois admis en cet ordre, il faut se tenir dans son ordre, c’est-à -dire à sa place. Au XIIe siècle, avec l’école victorine, est fixée l’expression de sacrement de l’Ordre(2). L’ordre désigne une place fonctionnelle dans la communauté, il a un caractère collégial ou corporatif, contraire à une dimension individuelle.
Que veut dire « sacerdoce » ?
Seul le Christ est « sacerdote » (hiéreus en grec), ainsi que la totalité des fidèles baptisés par participation. On trouve dans le Nouveau Testament un vocabulaire simple et varié. On parle des anciens, des presbytres (Ac.14, 23), des intendants des mystères (1Cor.4, 1), des ministres (diaconos) de la Nouvelle Alliance (2Cor.3, 6), de présidents (1Th.5, 12 ss.), de chefs (Heb.13, 7), de surveillants (épiscopos, 1Tim.3, 1ss.). C’est vers l’an 200 que le mot « sacerdoce » est appliqué à l’évêque et ce en lien avec sa fonction cultuelle. Saint Cyprien écrit : « Les prêtres sont associés à l’évêque dans le sacerdoce » (Lettre 61 n°3). Ce lien à sa charge cultuelle est principalement l’Eucharistie. A l’époque carolingienne, le mot « sacerdoce » désigne le prêtre en général. On a perdu de vue – sauf à Rome – que le nom désigne l’épiscopat. Suit l’époque où l’épiscopat est considéré par beaucoup de théologiens seulement comme une dignité.
1. Cf. L’Exhortation à la chasteté, Livre VII.
2. Cf. P. Gy.
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